BULLETIN CLIMATIQUE QUOTIDIEN (11 mars 2013)…DE LA REPUBLIQUE FRANÇAISE.

11 Mar

*  Non seulement la crise de l’euro n’est pas derrière nous…

…mais elle est probablement devant ! Alors n’écoutons pas ce que nos hommes politiques racontent et regardons devant. Que se passe-t-il ?

1. Près de 15 jours après l’élection de son nouveau président, Chypre doit relancer son processus de sauvetage . Menacée par la faillite, ainsi que par celles de ses banques, elle a dû accepter un audit sur les fonds qui y transitent et sur des accusations de blanchiment d’argent sale (provenant principalement de Russie et de Grèce).

Alors, les autorités européennes et du FMI veulent imposer des règles drastiques qui ne sont évidemment pas du goût des Chypriotes :
une restructuration de la dette de l’île, qui non seulement inquiète Chypre, mais aussi les pays du sud de la Zone euro, qui craignent une poussée de fièvre obligataire. Car la restructuration de la dette grecque l’année dernière avait créé bien des remous qui n’avaient été apaisés que grâce à la promesse que cette restructuration serait unique. Or voilà qu’une nouvelle opération de ce genre est aujourd’hui évoquée…

des pertes imposées aux plus gros déposants des banques chypriotes. Une nouvelle qui a fait bondir NiKo puisque les principaux déposants sont souvent d’origine étrangère, russe et grecque. Commentaire du ministre des Finances chypriote : “Ce serait à la limite du racisme de distinguer les déposants selon leur origine ethnique” ( Pour rappel, le pays, déjà endetté à près de 90% de son PIB, doit se refinancer à hauteur de 17,5 milliards d’euros , l’équivalent de son PIB).

2. En Italie, la crise politique entamée avec les dernières élections législatives n’a toujours pas été résolue. En attendant, aucun gouvernement n’est formé… et la menace d’une crise obligataire, avec des taux d’emprunt qui s’élèveraient, plane toujours.
Deux des trois principales forces politiques du pays (le PDL de Berlusconi et le M5S de Beppe Grillo) ont fait toute leur campagne sur des thèmes anti-euro et anti-austérité. Ce qui exclut, pour le moment du moins, le recours à la BCE, via les Outright Monetary Transactions (OMT), un mot barbare derrière lequel se cache la possibilité de rachats d’obligations souveraines par la BCE, en échange de mesures de rigueur. Dans un pays qui a ouvertement affirmé son refus de la rigueur, cela risque d’être problématique.

3. L’Irlande essaie de repasser une partie de ses dettes à l’Europe. En particulier les actifs pourris de ses banques menacées par la faillite et qu’elle avait acheté en 2008 pour 64 millions d’euros. Aujourd’hui, après la fermeture de plusieurs de ces banques, l’Irlande conserve toujours 28 milliards d’euros de dettes “bancaires”. Et ce sont ces dettes qu’elle voudrait, en partie, transférer au Mécanisme européen de stabilité (MES), qui est censé pouvoir recapitaliser les banques qui en ont besoin. Mais, pour le moment, ni l’Allemagne ni la BCE ne semblent accepter cette idée, arguant que le sauvetage irlandais a eu lieu avant la mise en place du FESF ou du MES, et que celui-ci ne peut pas intervenir de manière rétroactive.

Alors l’Irlande essaie de faire passer en force son problème bancaire ! En début de mois, elle a liquidé en une nuit une de ses « bad banks », l’Irish Bank Resolution Corporation (IBRC), obligeant ainsi la BCE à accepter des obligations souveraines à 40 ans plutôt que des liquidités. La BCE s’est défendue en expliquant que l’Irlande était un “cas particulier”. Comme la Grèce quand il a fallu restructurer sa dette. Comme l’Espagne, comme l’Italie, comme…

4. l’Espagne a difficilement réussi à faire passer son déficit de 9,4% en 2011 à 6,7% en 2012. L’objectif était pourtant  à 6,4%. Mais à quel prix ? Celui d’une croissance en berne (-1,37%), une consommation intérieure catastrophique et un chômage en hausse constante (plus de 26 %).

Le rapprochement entre les chiffres du chômage espagnol (où plus de la moitié des jeunes de moins de 25 ans n’ont pas de travail) et la confiance affichée par l’UE au sujet de la solvabilité des banques du pays est préoccupant. “Bruxelles satisfait de la réforme du secteur bancaire espagnol”, titrait Le Monde. Les banques ibériques seraient à nouveau suffisamment capitalisées et ne nécessiteraient pas une nouvelle aide européenne. La réalité est que plus de 41 milliards d’euros leur ont déjà été versés, et que l’Europe n’a aucune intention de payer davantage.

Mais comment peut-on être assuré que les banques espagnoles n’ont pas de problèmes de capitalisation alors que l’économie devrait encore être en récession cette année et que le taux de chômage record et la baisse de la consommation entretiennent le nombre de défaut sur prêt aussi bien de la part de particuliers que d’entreprises ? Un mystère auquel les autorités bruxelloises se gardent bien de répondre.

Le FMI est d’ailleurs bien plus réaliste sur l’état de santé des banques ibériques, comme nous l’apprend L’Agefi : “Dans un rapport publié mardi, le Fonds monétaire international (FMI) souligne les progrès accomplis pour remettre sur les rails les banques de la Péninsule, mais l’institution met aussi en garde sur les risques qui continuent de peser sur l’économie du pays ce qui nécessite de maintenir une surveillance accrue des établissements financiers”.

5. Et à tout cela il faut ajouter la France, très observée car deuxième économie de la zone euro. Le gouvernement a reconnu récemment que ses objectifs de croissance pour cette année devraient être revus à la baisse et que l’objectif des 3% de déficit serait intenable. Entre réformes impossibles, économie en berne et taxations en hausse, la France inquiète et sera probablement le prochain « homme malade » de l’Union européenne. Le problème, pour la zone euro, réside dans le fait que la France est un bien plus « gros poisson » et qu’un défaut financier de notre pays signerait immanquablement l’explosion de l’union monétaire européenne.

*  Et pourtant…

La France continue d’emprunter à des taux étonnamment bas ! Dans son éditorial des Echos, Jean-Marc Vittori (Jean-Marc Vittori) nous explique pourquoi. Mais il nous dit aussi la fragilité de cette situation paradoxale, qui rejoint nos préoccupations précédentes.

  

 » La vie des marchés ressemble souvent à une comptine enfantine. Le régulateur assoupi pendant que les cloches de la finance s’emballent est à n’en pas douter un cousin de Frère Jacques. Le crédit immobilier du pauvre Américain devenu titre AAA par la grâce de la titrisation a eu droit au même coup de baguette magique que la souris verte muée en escargot tout chaud après un trempage dans l’huile. Et les obligations émises par le Trésor français font penser au matou d’une chanson entonnée avec gourmandise par Steve Waring. C’est l’histoire du vieux fermier Thompson qui cherche à se débarrasser de son gros chat gris par toute une série de moyens – colis postal, coup de fusil, moulinette du boucher, fusée spatiale. Mais invariablement, « le matou revient le jour suivant ». La France perd des parts de marché, sa croissance disparaît, elle porte au pouvoir une gauche à l’ancienne, la notation de ses titres publics est dégradée, son Etat ne parvient pas à contenir son déficit public à 3 % du PIB, ses dépenses publiques augmentent encore et toujours. Mais, invariablement, l’Agence France Trésor revient le jour suivant placer ses obligations à prix toujours plus élevé – ou à taux d’intérêt toujours plus bas, ce qui est équivalent. Bien sûr, le taux des emprunts à 10 ans a remonté ces dernières semaines ; il dépasse aujourd’hui 2,1 % après être descendu au-dessous de 2 % en décembre dernier. Il reste cependant extraordinairement, incroyablement bas, au regard des niveaux observés ces deux derniers siècles. Il y a là un mystère, comme dans la vitalité du matou de Waring. Un mystère qui s’explique par au moins quatre raisons.

La première explication se trouve dans l’Agence France Trésor elle-même. C’est un modèle du genre, qui fait des envieux dans d’autres capitales. Elle est remplie d’esprits brillants qui éblouissent les investisseurs du monde entier en leur projetant de magnifiques PowerPoint. L’Allemagne fait travailler ses meilleurs éléments dans l’entreprise, les Etats-Unis envoient les siens (et ceux qu’ils importent du reste du monde) dans la Silicon Valley, avec l’idée étrange que l’argent n’est pas forcément une mesure de l’impureté humaine. La France, elle, les fait grimper dans son administration. Ayant les meilleurs vendeurs de dette publique au monde, nous avons ici un avantage comparatif que nous exploitons à fond.

Au-delà, la France a de la chance – et c’est la deuxième explication du mystère des taux bas. Les investisseurs ont commencé par s’inquiéter d’un petit pays qui avait truqué ses chiffres, la Grèce. Puis ils se sont souciés de l’Irlande, de l’Espagne, de l’Italie. Pour les rassurer, les gouvernements de ces pays ont brutalement serré la vis budgétaire, plongeant leurs économies dans une profonde récession (baisse de production autour de 5 % en quatre ans, et même 20 % en Grèce). Si les investisseurs souffrent de nombreux défauts comme la myopie ou la cyclothymie, ils ne sont pas fous. Intégrant les effets désastreux de la rigueur pratiquée ces dernières années, ils ont changé de raisonnement. Au lieu de s’obnubiler sur le respect des cibles budgétaires, ce qui aurait dû les pousser à vendre leurs titres français, ils évaluent désormais les trajectoires des finances publiques à l’aune de trois critères : poursuite de l’assainissement (c’est le cas pour la France avec un déficit qui diminue), capacité à éviter la spirale dépressive (c’est aussi le cas pour l’instant), perspectives à moyen terme (là, c’est moins clair).

Même si les investisseurs voulaient vendre leurs obligations françaises, ils auraient du mal à les remplacer – et c’est la troisième raison de la faiblesse des taux français. Ils raisonnent en grandes classes et en grosses masses. A leurs yeux, il y a les obligations totalement sûres – les T-bonds américains et les Bunds allemands. Ensuite, il y a le deuxième choix – les OAT françaises et les Gilts britanniques. Après viennent les produits de troisième zone, italiens, espagnols, voire japonais, qui sont ou redeviennent des marchés locaux. Si les fonds de placement vendent des dizaines de milliards d’euros d’OAT, ils chercheront des produits équivalents pour équilibrer leur portefeuille… et ils n’en trouveront pas beaucoup sur le marché. La masse énorme des OAT détenue par des étrangers (près des deux tiers du total) constitue paradoxalement une protection et non une faiblesse.

Enfin, les gros propriétaires français d’obligations du Trésor n’ont a priori pas de raisons de vouloir les vendre, car ils sont plutôt en bonne santé. Les assureurs AXA et CNP, premiers détenteurs au monde d’OAT, ont des comptes solides. Les grandes banques nationales comme BNP Paribas et la Société Générale ont bien résisté dans la succession de crises de ces dernières années. Elles ont certes dû vendre des paquets d’OAT à l’été 2011 pour compenser leurs pertes sur les obligations italiennes, mais elles ont depuis fait le ménage dans leurs portefeuilles.

Mais si le gros matou français revient encore et toujours, il se promène au bord du toit. L’efficacité de l’Agence France Trésor, le virage des investisseurs, l’absence d’alternative et la santé des banques, qui ont assuré sa survie sont des raisons à la fois puissantes et fragiles. Le vent peut vite tourner. Le consultant financier américain John Mauldin, dont la lettre hebdomadaire compte plus d’un million de lecteurs, annonce la dégringolade de la France après avoir prédit celle de la Grèce il y a quatre ans et celle de l’Italie il y a deux ans. Rien ne dit qu’il a raison. Mais personne ne peut garantir que la France continuera pendant des années à emprunter à des taux d’intérêt ridiculement bas. »

 

*  A Rome, le conclave débutera demain mardi 12 mars :

« La huitième congrégation générale des cardinaux a décidé que le conclave pour l’élection du pape débutera le mardi 12 mars 2013. La messe « pro eligendo Pontifice » sera célébrée dans la matinée dans la basilique Saint-Pierre et dans l’après-midi les cardinaux entreront en conclave », précise le Vatican dans un communiqué.

Malgré le suspense et les pressions de certains pour ne pas laisser trop longtemps « vacant » le fauteuil du pape, plusieurs princes de l’Eglise avaient souhaité prendre tout le temps nécessaire pour réfléchir aux problèmes de l’Eglise, à la gouvernance du Vatican, objet de critiques, et pour choisir le successeur de Joseph Ratzinger.

Jusqu’à présent, une centaine de cardinaux, ont pris la parole aux réunions de pré-conclave. Parmi les sujets abordés vendredi, le père Lombardi, porte-parole du Vatican, a cité le rôle des femmes dans l’Eglise, le dialogue interreligieux, les questions de bioéthique, venus s’ajouter aux thèmes des jours précédents (évangélisation, oecuménisme). L’exigence d' »une plus grande collégialité » dans la gouvernance de l’Eglise a en outre été discutée une nouvelle fois.

Mais, avant d’accueillir les 115 cardinaux qui voteront pour désigner le nouveau pape qui succèdera à Benoît XVI, la chapelle Sixtine de Rome se pare et se prépare pour l’évènement. Car les cardinaux ne sont pas les seuls à jouer un rôle important dans l’élection du nouveau pape.

Les deux poêles du Vatican, enfin arrivés, auront aussi leur rôle à jouer. Fait d’argent et de bronze, le premier brûlera les bulletins de vote des cardinaux. Le deuxième, lui, servira à créer la fumée qui fera connaître au monde entier le résultat de l’élection papale. Si la fumée est noire, cela signifiera qu’aucun accord n’a été trouvé. Si elle est blanche, c’est que les cardinaux sont parvenus à une majorité des deux tiers.

Tant qu’aucun d’entre eux n’aura été désigné à la succession de Benoît XVI, tous resteront enfermés dans la chapelle. Le lieu a donc été préparé pour l’occasion: les ouvriers du Vatican ont installé un parquet pour protéger le sol, et préparent déjà les gradins.

Quant aux portes vitrées menant à la salle, elles ont été couvertes, pour éviter que des curieux observent la réunion des cardinaux. En effet, pendant toute la durée du conclave, et depuis mardi après-midi, l’accès à la chapelle Sixtine est interdit au public.

Emblème du Saint-Siège pendant la vacance. A la place de la tiare figure l’ombrellino.

*  Mais « la France ne peut pas périr, car le Christ aime encore les Francs ! » (Henri comte de Chambord) :


MATHURIN MÉHEUT est au Musée de la Marine à Paris, du 27 février au 30 juin 2013
  :

Affiche exposition Mathurin Méheut
© lot64 ©Adagp, Paris, 2012

En 2013, le musée national de la Marine consacre son exposition temporaire annuelle à Mathurin Méheut (1882, Lamballe – 1958, Paris), le plus populaire des artistes bretons du XXe siècle. La mer a été l’une de ses premières sources d’inspiration. Nommé peintre de la Marine en 1921, ce grand voyageur a tout au long de sa vie collaboré avec le milieu maritime, à la fois comme dessinateur, illustrateur, décorateur, sculpteur et graveur. Sur 1000 m², des œuvres variées – grand décors, études, dessins, croquis, livres illustrés – proposent une lecture chronologique et thématique de ce talent aux mille facettes.

 

Le peintre de la Bretagne et d’ailleurs

L’œuvre de Mathurin Méheut célèbre la mer et les activités maritimes. Né à Lamballe, formé à l’École des Beaux-arts de Rennes puis à l’Ecole des Art Décoratifs à Paris, Mathurin Méheut collabore, très tôt, avec les initiateurs de l’Art Nouveau à la prestigieuse revue Art et Décoration. Etabli à Paris, l’artiste reste très attaché à la Bretagne qu’il sillonne inlassablement au fil de sa carrière et ses voyages. En 1914, grâce à une bourse de la fondation Albert Kahn, Mathurin Méheut se rend à Hawaï et au Japon où il trouve une confirmation de ses choix iconographiques et techniques : la représentation de l’essentiel, la traduction de l’instantané par un trait vif et précis, l’usage de l’aplat et le choix de cadrages originaux.

Le dessinateur, le décorateur, le sculpteur

Artiste prolifique, chercheur infatigable, Mathurin Méheut met en œuvre tout au long de sa vie des techniques très variées. Après son voyage dans le Pacifique, l’artiste réalise, dans l’urgence, des milliers de croquis pendant la guerre, de 1914 à 1919. Décorateur et céramiste, il collabore avec la Manufacture nationale de Sèvres, comme avec les faïenceries de Quimper, créant un service de table baptisé La Mer et la vaisselle du restaurant parisien Prunier. Sur le thème de la mer, il réalise une tapisserie pour la manufacture des Gobelins dont on possède encore le carton et des croquis préalables. C’est également un des illustrateurs majeurs du XXe siècle dans le domaine du livre, pratiquant la gravure sur bois, la lithographie et la zincographie, illustrant Colette, Dorgelès ou encore Loti.

Quarante années après la première rétrospective dédiée à Mathurin Méheut, le musée de la Marine rend un nouvel hommage à ce grand peintre français de la mer et des marins.

 

Détail d'une tapisserie, manufacture des Gobelins, 1939-1946.

Commissariat : Denis-Michel Boëll, conservateur général du patrimoine, directeur- adjoint du musée national de la Marine.

AU PALAIS DE CHAILLOT À PARIS,
DU 27 FÉVRIER AU 30 JUIN 2013
UNE EXPOSITION ÉVÉNEMENT À NE PAS MANQUER!
Musée national de la Marine17, place du Trocadéro
75116 Paris

Le 11 mars 2013.

Jean-Yves Pons.

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