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Les aléas des débuts de la présidence Macron.

18 Mai

Un premier ministre de droite mais éphémère ?

Edouard Philippe, notre nouveau (et éphémère, car il ne faut pas oublier qu’il devra obligatoirement présenter sa démission après les législatives, quel que soit le résultat du vote, et qu’ensuite il sera soit confirmé pour un gouvernement Philippe II, soit renvoyé à ses chères études) premier ministre est donc de droite.

Bien malin qui saura dire ce que cela nous promet. En apparence, à la fois un espoir, pour M. Macron, d’obtenir une majorité « droite, centre et gauche » à l’Assemblée, en ayant fait exploser la droite parlementaire en trois ensembles au moins :

  • ceux qui auront pris ses bonnes paroles et ses promesses pour argent comptant et l’auront rejoint de bonne foi, espérant une union nationale et un gouvernement représentant, peu ou prou, les idées du clan juppéiste ;
  • ceux qui, sans y avoir cru, auront espéré, en le rejoignant, s’assurer quelques avantages, un maroquin ou un siège de député gagné sans féroce concurrence ;
  • et ceux qui ne pensent pas que les idées et les projets de M. Macron puissent jamais rencontrer les leurs et qui resteront fermes sur leurs positions antérieures, auxquels on peut ajouter ceux qui seront restés LR faute de savoir quoi faire.

Si les deux premiers ensembles entraînent avec eux leurs électeurs (ce qui n’est pas gravé dans le marbre), il est probable que LR ne pourra obtenir une majorité et il est même très possible que ce parti ne soit pas la principale force d’opposition, cette position lui ayant été disputée, et ravie, soit par le FN, soit par M. Mélenchon, soit par les deux, tandis que M. Macron pourra se flatter d’une majorité certes disparate, mais apparemment unie sur son nom et sur un programme.

Et dans ce cas, personne ne peut être assuré qu’ayant atteint son but, M. Macron ne reviendra pas à sa famille naturelle, de gauche, et qu’un premier ministre qui ne soit pas un « homme de droite » soit nommé, pour faire la politique macrono-hollandiste qui était annoncée.

Mais supposons qu’il conserve M. Philippe comme premier ministre, que fera celui-ci ?

Sera-t-il un bon « collaborateur », celui dont le Président dit « Je décide, il exécute. » ? En ce cas, qu’il soit de droite ou de gauche n’a aucune importance.

Au contraire, usera-t-il, en jouant des divisions de la nouvelle majorité parlementaire, de tous les pouvoirs que lui donne la Constitution pour mener la politique qu’il souhaite, même si cela déconcerte, voire mécontente le Président de la République ?

Et quelle serait-elle, cette politique qu’il souhaite ? En apparence, ce serait celle qu’a préconisé, depuis les primaires de la droite et du centre, M. Juppé.

Or il est évident que M. Juppé ayant été battu sèchement lors de ces primaires et le candidat ayant obtenu la majorité des suffrages de LR ayant été retoqué par l’électorat du premier tour des élections présidentielles, cette vision politique est loin d’être majoritaire dans le pays. Le paradoxe qui a vu un candidat plus de gauche que de droite, un poulain de M. Hollande ayant joué un rôle important dans la politique de celui-ci être élu par un peuple qui rejetait cette politique à une écrasante majorité serait alors doublé du paradoxe de voir M. Juppé, presqu’aussi minoritaire en France que M. Hollande soi-même, dominer le paysage politique de demain.

Anne Merlin-Chazelas, docteur en histoire, ingénieur de recherches au CNRS e. r.

Nomination d’Édouard Philippe comme Premier ministre le 16 mai 2017. Au bonheur des vestes retournées.

16 Mai