Petit rappel utile sur une usurpation de Charles de Bourbon (1716-1788).

21 Juin

Fils de Philippe V, roi d’Espagne et de sa seconde épouse, Elisabeth Farnèse, il est d’abord duc de Parme et de Plaisance sous le nom de Charles Ier en 1731 (à la mort de son grand-oncle, le duc Antoine Farnèse), roi de Naples en 1734 puis de Sicile en 1735 sous les noms de Charles VII (Naples) et Charles V(Sicile), par conquête du royaume de Naples et du royaume de Sicile par les Espagnols. Il est sacré et couronné roi de Sicile et de Jérusalem à Palerme le 3 juillet 1735. Il fut donc Grand Maître de l’ordre Constantinien de Saint-Georges de 1731 à 1734.

Les duchés de Parme et de Plaisance sont cédés, à la suite de la guerre de succession d’Autriche (après un intermède autrichien), à son frère cadet Philippe de Bourbon, fondateur de la branche de Bourbon Parme, en 1748 (Traité d’Aix-la-Chapelle) qui devint ainsi le nouveau Grand-Maître de jure de l’ordre Constantinien de Saint Georges ainsi que nous le rappelions ici :

https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2014/02/14/chronique-dheraldique-n-10/

En devenant roi d’Espagne, Charles de Bourbon, roi de Naples et de Sicile, cèda les royaumes de Naples et de Sicile en 1759 à son troisième fils Ferdinand.

Et pourtant, contre toute réalité, Charles de Bourbon continua toute sa vie à se revendiquer non seulement roi d’Espagne, des Deux-Siciles et de Jérusalem mais aussi duc de Parme, de Plaisance, de Castro, etc. Grand prince héréditaire de Toscane, etc. et, bien sûr, Grand-Maître de l’ordre Constantinien de Saint-Georges !

En voici une preuve dans un Edit du 17 juillet 1751 (son frère Philippe était duc de Parme, de Plaisance et de Guastala depuis déjà trois ans), par lequel Charles VII de Naples interdit la franc-maçonnerie dans le Royaume de Naples :

Les protestations de son frère Philippe puis de son neveu Ferdinand après la mort du précédent n’y firent ni ne changèrent…rien. D’où la situation actuelle de deux ordres Constantiniens de Saint-Georges revendiqués et attribués par deux autorités dynastiques différentes de la maison de Bourbon… avec la passive tolérance du Vatican comme du gouvernement italien. Ou la confrontation de deux légitimités pour un seul hochet.

Cette malheureuse affaire fut, rappelons-le aussi, le seul et unique sujet de discorde que nous eûmes avec notre ami le baron Hervé Pinoteau qui resta, toute sa vie, un fidèle soutien de la branche de Bourbon Deux-Siciles.

Le 21 juin 2021.

Pour le CER, Jean-Yves Pons, CJA.

3 Réponses to “Petit rappel utile sur une usurpation de Charles de Bourbon (1716-1788).”

  1. Hervé J. VOLTO juin 22, 2021 à 9:52 #

    Se proclamant héritière des Farnèse -sa mère descendait de “l’odieux” Charles III et donc d’Elisabeth Farnese !- Marie-Louise d’Autriche, ex-impératrice des Français et Duchesse souvraine de Parme, Plaisance et Guastalla en vertu des traités de 1814, les Bourbons-Parme étant partis régner sur le Royaume d’Etrurie et sur le Duché de Lucques, réclama la Grande Maîtrise de l’Ordre Constantinien et réussit à obtenir le 26 février 1816 que l’Ordre fut de nouveau décerné à Parme autant qu’à Naples en souvenir de l’Ordre des Farnèse et cet Ordre Constantinien dit parmesan fut de nouveau un Ordre de mérite à cinq classes qui s’installa au siège de l’ancien Ordre à Parme, en la basilique Santa-Maria della Steccata (Sainte-Marie-de-la-Palissade).

    Pour éviter toute nouvelle discussion, les deux Maisons Bourbonniennes souveraines de Parme et des Deux-Siciles convinrent tacitement d’en exercer l’une et l’autre les droits, mais les Grands Maîtres à Naples ont toujours refusé de reconnaître les prétentions des Ducs de Parme, et s’ils ont rendu une partie des archvies, ils ont toujours refusé de rendre la Collection Farnese qui se trouve encore aujourd’hui à Naples au musée de Capodimonte (prononcer Capodimonté).

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    Comme si ce n’était pas assez compliqué, une querelle dynastique explosa au sein de la Maison Royale des Deux-Siciles et donc… au sein de l’Ordre !

    Ferdinand-Pie des Deux-Siciles est décédé en 1960 sans héritier direct. Son frère Charles ayant renoncé à ses éventuels droits successoraux à la couronne des Deux-Siciles par l’Acte de Cannes le 14 décembre 1900, un autre frère, Rénier, assuma la succession, contesté par son neveu l’infant Alphonse, fils de son frère ainé, Charles.

    Cette renonciation est invalide au regard des règles de succession dela couronne des Deux-Siciles. En effet, l’acte de Cannes a été posé enexécution de la « pragmatique de 1759 » qui ne demande une renonciation que dans le cas où les deux couronnes seraient unies enune même personne.De plus, l’Ordre n’est pas lié à la couronne, mais au représentant de la famille Royale de Bourbon, héritière des Farnèse. L’« acte de Cannes » ne fait d’ailleurs aucune allusion à la grande maîtrise de l’Ordre.

    Le 25 janvier 2014, le Duc de Noto (branche hispano-napolitaine) et le Duc de Castro (branche franco-napolitaine) de la maison Royale des Deux-Siciles ont signé un accord aussi intelligent qu’élégant qui, même s’il ne résout pascomplètement le problème du chef de la Maison Royale, unit plus étroitement les deux têtes des Ordres Royaux dans une meilleure coopération, en tant que co-grands maîtres de l’Ordre Constantinien sur un pied d’égalité.

    Ce avant que le Duc de Castro ne reprenne en la même année 2015 sa parole et ne décide d’ “isabelliser” la Maison Royale des Deux-Siciles… en déclarant vouloir faire succèder sa fille, la princesse Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, au grand dam du prince Pierre, qui conteste cette prise de position !

    A noter que c’est depuis cet abandon de la Loi Salique par le Duc de Castro que son épouse a commencé à avoir des problêmes financiers…

    Le Saint-Siège, dont l’arbitrage a été sollicité, a refusé de se prononcer sur la question successorale et s’est contenté d’envoyer un prélat aux Chapitres des divers branches de l’Ordre.

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    Pour résumer, nous avons aujourd’hui trois Ordres Constantiniens de Saint-Georges :

    1. l’Ordre parmesan, sous la Grande Maîtrise du Prince Charles-Xavier de Bourbon-Parme,

    2.L’Ordre franco-napolitain, sous la Grande Maitrise du Prince Charles de Bourbon-Siciles, Duc de Castro, qui comte un certain nombre de Chevaliers Français.

    3. l’Ordre hispano-napolitain, sous la Grande Maitrise du prince Pierre de Bourbon Sicles, Duc de Notto, qui comprend une Comission Royale pour la France.

    Le Prince Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme est le Président de la Commission Royale pour la France de l’Ordre hispano-napolitain guidé par le Duc de Notto, que semble reconnaître le Prince Louis-Alphonse de Bourbon, Duc d’Anjou, Aîné visible la Maison Royale de Bourbon.

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    Pour appronfondir :

    LES GRANDS ORDRES DE CHEVALERIE ETRANGERS : L’ORDRE CONSTANTINIEN DE SAINT-GEORGES

  2. Hervé J. VOLTO juin 22, 2021 à 11:21 #

    UN DERNIER POUR LA ROUTE !

    Quelques auteurs ont écrit que le plus ancien document authentique connu SUR LES STATUS DE L’ORDRE CONSTITNIEN DE SAINT-GEORGES est le « Statut de l’Ordre », réformé par l’empereur d’Orient Isaac II Ange Comnène, en 1190. Le Grand Magistère, transmis d’abord de père en fils dans la dynastie des Comnène passa ensuite au Duc souverain de Parme, Francesco Farnese, qui était apparenté aux Comnène par les femmes : cette transmission prévoyait que l’Ordre devait être transmis A L’INTERIEUR DE LA MAISON REGNANTE SUR LE DUCHE DE PARME, Plaisance et Guastalla ET DANS LA DESCENDANCE DES FARENESE PAR ORDRE DE PRIMOGENITURE, c’est à dire les Bourbons de Parme (et du Luxembourg).

    • conseilesperanceduroi juin 22, 2021 à 1:10 #

      Vous faites bien de rappeler que l’une des principales conditions pour exercer la grande maîtrise du Constantinien de Saint-Georges était de régner sur les duchés de Parme et Plaisance. Ce fut pour cela le cas de Charles, de 1731 à 1734. Mais pas après que les duchés aient été récupérés temporairement par l’Autriche puis cédés à son frère Philippe par le Traité d’Aix-la-Chapelle, en 1748. Les transferts du siège de l’ordre comme des trésors et des archives à Naples n’y changeaient rien en vérité. Tout cela n’était qu’usurpation (ce dont ne cessa de se plaindre Philippe de Bourbon Parme puis son fils Ferdinand). A fortiori lorsque Charles devint Charles III… d’Espagne et céda son ex-royaume des Deux-Siciles à son fils cadet, brisant ainsi une autre règle, celle de la primogéniture.
      Cette triste affaire fut une véritable spoliation que le Vatican n’a d’ailleurs jamais voulu trancher pour ne pas se fâcher avec la cour de Naples. « Selon que vous serez puissant ou misérable…« 

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