LE 5 décembre 1360, l’ordonnance de Compiègne instaure une nouvelle monnaie, commune au royaume. Jean II le Bon, par l’intermédiaire de son fils Charles, futur Charles V, donne naissance au franc. Le roi s’arrête à Compiègne alors qu’il rentre de Londres. Il vient de passer quatre années de captivité après sa défaite face aux Anglais à Poitiers (19 septembre 1356). Il obtient sa libération sous réserve du versement d’une rançon : 12,5 t d’or. Édouard III le roi d’Angleterre exige un acompte de 600 000 écus et les 400 000 supplémentaires avant un an.
Or, Charles V, dauphin et régent du royaume en l’absence de son père, ne réussit à collecter que 400 000 écus au prix d’efforts considérables de la population. L’intronisation d’une nouvelle monnaie est censée faciliter le paiement de la dette contractée par la France envers l’Angleterre. Le Franc incarne la confiance. Il a une très forte teneur en or (3,88 g d’or fin), il est donc stable.
La première version du franc est le « Franc à cheval ». Sur la pièce figure Jean II le Bon juché sur une monture. Il est armé d’un écu à fleur de lys, symbole de royauté. Autour de la pièce figure l’inscription : « Jean Roi des Francs par la grâce de Dieu ». En plus de faciliter le paiement de la rançon, l’objectif est de restaurer l’autorité royale. Au XIVe siècle, le système financier est détruit. De nombreuses monnaies circulent de façon anarchique. Des dévaluations successives touchent la monnaie officielle. Avec le franc, la monarchie s’affirme et fait le ménage.
Pour Compiègne, l’événement est épisodique. Le franc n’a pas été battu dans la cité impériale mais bien à Paris. « En ce qui concerne le lieu ou a été ordonné la création du franc, aucune indication ne figure dans les textes », précise Guillaume Roignant, membre de la société historique. En 1360, la demeure où le Roi a ses habitudes n’est pas en ville mais à « Royal-Lieu » près de l’abbaye fondée en 1303 (l’actuel parc de Bayser) « On ne connaît pas l’emplacement exact du château. Il a été détruit en 1430 pendant le siège de la ville qui a vu la capture de Jeanne d’Arc. » En souvenir, de cette ordonnance, le musée Vivenel garde précieusement un « Franc à cheval » dans ses réserves.
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