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DU PAREAGE OU CO-SUZERAINETE D’ANDORRE

3 Nov

Les Co-Princes d’Andorre sont les chefs de l’État indistincts de la Principauté d’Andorre, dont les attributions sont décrites au titre III de la Consitution de 1993.
Mais le saviez vous ? La co-suzeraineté d’Andorre, institution issue des Paréages et de leur évolution historique, sont, à titre personnel et exclusif, l’Evêque d’Urgelle et le chef de l’Etat Françaisà l’heure où j’écris, le Président de la République Française. Leurs pouvoirs sont égaux et procèdent de la présente Constitution de 1993. Chacun d’eux jure ou promet d’exercer ses fonctions conformément à la présente Constitution.
La Principauté d’Andorre (en catalan Principat d’Andorra), est cet État d’Europe du Sud bordé par l’Espagne et la France (donc enclavée dans l’Union Européenne), et située dans le massif des Pyrénées : elle est principalement constituée de montagnes élevées et est connue pour son accueil, ses stations de ski et sa fiscalité avantageuse. 
La Principauté d’Andorre, dont la création remonte à 780 sous le règne de Charlemagne, était donc régie par un système unique, le Paréage de 1278, qui donnait à la petite Principauté son territoire et sa forme politique. Ce contrat de droit féodal concède le Trône andorran à deux Co-Princes, l’Evêque catalan d’Urgell (sous l’autorité du Comte de Barcelone, sous le Roi d’Argon) et le Comte de Foix (sous l’autorité du Roi de France) dont les droits et devoirs sont passés successivement au Roi de Navarre, puis au Roi de France à partir de Henri IV, Roi de France et de Navarre, puis à enfin au Chef de l’Etat Français, qu’il soit Roi, Empereur ou Président de la République. 
Les vallées andorranes, situées dans le Comté d’Urgelle étaient l’objet d’un débat entre les deux principaux vassaux du comte de Foix, l’évêque d’Urgell et le Vicomte de Castelbon. La Vicomté de Castelbon passa au Comte de Foix, qui hérita donc de prétentions à l’Andorre. Le Comté de Foix, avec la Vicomté de Castelbon et la co-seigneurie d’Andorre furent réunis au Royaume de Navarre en 1479, puis au Royaume de France en 1589. C’est le 2 mars 1663 que l’évêque d’Urgell prit le premier le titre Princier (Co-Prince Souverain des vallées d’Andorre avec le Roi de France).
En 1620, le Roi Louis XIII, seigneur souverain d’Andorre, unit la Couronne de Navarre et la part fuxéenne de la Couronne d’Andorre à la Couronne de France.
En France, le 21 septembre 1792, l’abolition de la Royauté est proclamée. Louis XVI, Co-Prince d’Andorre et Roi de France, est détrôné.
En 1793, la République Française refuse d’exercer une souveraineté sur l’Andorre. Les Co-Princes évêques règnent donc désormais seuls, mais le viguier -représentant du Roi de France en Andorre https://fr.wikipedia.org/wiki/Viguier_d%27Andorre – nommé par Louis XVI en 1788, Boniface Gomma-Montou, reste en poste jusqu’en 1806.
En 1806, Napoléon I° rétablit à son profit la souveraineté Française sur l’Andorre, considérant que depuis 1620 la part de souveraineté andorrane est unie à la souveraineté Française, et que le souverain Français, quel qu’il soit, détient la souveraineté andorrane de droit. Il nomme un nouveau viguier, Joseph Pilhes (qui démissionnera en 1820 en raison de son grand âge). Pendant la période 1812-1813, l’Andorre est momentanément annexée de facto — ainsi que les corregimientos espagnols de Catalogne — à l’Empire napoléonien (par des décrets impériaux — des 26 janvier 1812 (art. V) et 7 mars 1813 — et des Sénatus-Consultes jamais publiés) et incorporée dans le département du Sègre, puis en 1813 dans celui de Ter-et-Sègre. Les traités de Valançay (1813) puis de paris (1814), en reconnaissant officiellement la frontière Franco-Espagnole de 1792, rétablissent de ce fait la souveraineté de l’Andorre.
De 1814 à 1830 (sauf pendant les Cent-Jours), le Roi de France exerce de nouveau la Souveraineté comme Co-Prince et seigneur des vallées souveraines d’Andorre. Louis XVIII nomme en 1820 un nouveau viguier, Pierre-Roch Roussillou (1785-1874), qui sera destitué en 1831 en raison de ses opinions Légitimistes, par le gouvernement de Louis-Philippe.
En 1830, le Co-Prince Roi Charles X est détrôné. Les chefs successifs de l’État Français, suivant la logique établie par Napoléon, exercent la souveraineté andorrane, et portent le titre de Co-Prince d’Andorre ex officio.
L’autorité était traditionnellement indivisible des deux Co-Princes : l’Evêque d’Urgell et le Chef de l’Eta Français. Ils déléguaient leurs pouvoirs à deux Viguiers : le Viguier Episcopal et le Viguier Français.
Le 6 juillet 1934, Boris Skossyreff, un aventurier russe, promet au président du Conseil Général, Pere Torres Riba, de l’argent et l’amélioration économique à condition de le proclamer Roi d’Andorre. La chambre est rapidement acquise et lorsque le vote est soumis aux députés, seulement l’un d’entre eux, M. Cinto, vote contre “Boris I°”. Le Royaume d’Andorre est de facto institué, à la grande indifférence du Co-Prince Français : il ne durera qu’une semaine.
Le règne de Boris Ier est écourté par la Guardia Civile espagnole, qui prend le parti du Co-Prince épiscopal contre l’avis du parlement et du peuple. Le 14 juillet 1934, les forces de police entrent en Andorre et arrêtent le Roi, qui est destitué puis envoyé à Barcelone. Il est ensuite envoyé à Madrid, puis exilé au Portugal. Les Viguiers, délégués des coprinces, sont placés sous contrôle espagnol et le président du parlement est déchu.
En 1967, le Général De Gaulle devient le premier Co-Prince Français à se déplacer en Andorre depuis Henri IV.
En 1993, la fonction de viguier disparaît avec l’entrée en vigueur de la Constitution d’Andorre de 1993.
Depuis 1993, date de la première Constitution de la principauté, les Co-Princes deviennent chefs d’État indistincts, ont pour fonction de convoquer les élections générales, d’acréditer les représentants diplomatiques et de sanctionner et promulguer les lois. Le poste de viguier n’existe plus. Le chef du gouvernement est issu du Conseil Général (Parlement), composé de vingt-huit membres élus par les sept paroisses, à raison de quatre conseillers par paroisse.
La langue officielle est le catalan, la monnaie officielle est l’euro. La devise de l’Andorre est « Virtus Unita Fortior », et son drapeau est constitué de trois bandes verticales bleue, jaune et rouge, la bande jaune étant plaquée de l’écusson andorran. L’hymne national est El Gran Carlemany
Jules Six, avocat et docteur en droit, soulignera néanmoins en 1901 que « c’est comme aîné de la famille de Bourbon, et non comme chef d’État, que le Roi de France a exercé des droits souverains sur l’Andorre. Les droits auraient dû — logiquement — rester dans la famille de Bourbon, indépendamment du titre Royal qu’elle a possédé et ensuite perdu ». Il justifie toutefois la logique napoléonienne en ajoutant que « la personne du Roi s’étant confondue avec le Gouvernement, avec la France, le titre de Co-prince d’Andorre est échu ensuite aux chefs des divers Gouvernements — royal, impérial ou républicain — qui se sont succédés (sic – la faute d’orthographe est d’origine) en France — la Révolution exceptée » : Jules Six, Les institutions politiques du Val d’Andorre, p. 30 (notice BnF no FRBNF34099657), lire en ligne [archive]
Selon les règles de la Légitimité, le Roi de France est le seul vrai héritier des Comtes de Foix et de Béarn comme de l’éphémère Boris I°, Princes d’Andorre, et que « les Andorrans se sentent administrés contre leur volonté par le Président de la République Française »
Et comme en Wallonnie, au Québec, il y a à Andorre une volonté de « Rattachisme ». Ceratins Royalistes y attendent même le retour du Roi.
Selon les règles de la Légitimité, seul le Roi Sacré à Reims pourra décider quoi que ce soit au sujet de la récupération de ses droits sur la Couronne d’Andorre.

Le 3 novembre 2021.

Hervé J. VOLTO, CJA

Découverte inattendue d’un plafond à caissons gallo-romain d’exception à Chartres.

14 Oct

La découverte n’est pas seulement rare. Elle est presque unique en son genre en Europe où, à une seule exception près (sur le site d’Herculanum – Campanie -), jamais encore n’avaient été exhumés les restes d’un de ces plafonds à caissons en bois, si souvent décrits ou représentés dans les ouvrages ou sur les fresques de l’Antiquité. Et quel plafond ! Une véritable œuvre d’art magnifiquement décorée, conçue pour couvrir, partiellement ou totalement, un prestigieux édifice à bassin attaché à l’un des plus grands complexes religieux de la Gaule romaine.

Chacun connaît certes les caissons du magnifique Panthéon de Rome qui fut construit sous Agrippa, au premier siècle avant Jésus-Christ, en béton de ciment:

Intérieur du Panthéon de Rome au XVIII ème siècle, avec son décor d’origine, par Giovani Paolo Panini. 

Mais on ne connaît les plafonds à caissons en bois que sur des documents artistiques de l’Antiquité. « Chevrons », « solivage », « poutres de caissons », « assemblage », « éléments de décoration en frise de rais-de-cœur et fers de lance ». Emmanuel Bouilly ne se lasse pas de détailler, en termes techniques de charpenterie et de menuiserie, la fonction des multiples pièces de bois, noircies et gorgées d’eau, qu’il est parvenu à identifier. Sans ses efforts de pédagogie et son enthousiasme communicatif, nul doute que nous aurions perdu le fil… Cela aurait été dommage, tant la découverte à laquelle a participé cet archéologue sur l’ancienne cité d’Autricum – l’actuelle ville de Chartres – mérite attention.

La mise au jour de cet ensemble d’un millier de poutres, poutrelles et planches, miraculeusement conservées durant presque deux millénaires, est une belle récompense pour la direction de l’archéologie de Chartres Métropole qui, depuis 2011, se consacre à l’étude du site de Saint-Martin-au-Val. Repéré, entre 1995 et 2006, dans le quartier Saint-Brice, dans le sud de l’agglomération, ce dernier a livré les vestiges de ce qui aurait été le sanctuaire de l’ancienne cité-territoire du peuple gaulois des Carnutes.

Site du sanctuaire de Saint-Martin-au-Val après sa construction

Construit entre les années 70 et 130 après J.-C., avant de devenir, au début du IIIe siècle, un lieu de récupération de matériaux et un dépôt de sépultures au moment des épidémies, il est constitué d’un ensemble de constructions réparties sur plus de 11 hectares où les pèlerins désireux d’honorer ou de remercier les dieux, ou souhaitant accomplir un vœu, venaient procéder à des sacrifices et déposer des offrandes. « Il comprenait un temple doté d’une cour intérieure entourée sur les quatre côtés d’un portique de 300 mètres de long et de 190 mètres de large, qui dissimulait une galerie couverte consacrée aux processions », raconte, en faisant visiter le bâtiment, Bruno Bazin, le responsable de l’opération archéologique. Des soubassements, des fondations, des restes d’égouts et des ouvrages de maçonnerie ont été dégagés sur la partie nord-est, laissant apparaître le tracé de ces anciens espaces de déambulation qui s’ouvraient sur de petites chapelles et un pavillon d’angle.

A cela s’ajoutaient d’autres éléments. Et notamment, à 75 mètres de là, un temple consacré à Diane et à Apollon. C’est là, juste en façade de ce lieu de culte, non loin du cours actuel de l’Eure, que les archéologues ont trouvé le plafond. En 2017, ils concentrent leurs efforts sur un luxueux édifice. Sol en calcaire blanc, base de mur en marbre coloré, élévations ornées de fresques et de colonnes richement décorées, il abrite aussi un bassin quadrangulaire de 30 mètres carrés à l’intérieur duquel ils découvrent un énorme amoncellement de pièces de bois. Partiellement calcinés, ces éléments de charpente et de menuiserie, auxquels s’ajoutent d’autres repérés en dehors du réceptacle, proviennent d’un plafond qui s’est effondré à la suite d’un incendie, et dont les débris sont tombés dans le plan d’eau. Par la suite, les crues successives de l’Eure et une remontée de la nappe phréatique sont venues ensevelir ces vestiges qui, maintenus à travers les siècles en milieu humide et à l’abri de l’air et de la lumière, ont été préservés.

Le bassin et les éléments de bois retrouvés

L’équipe réalise tout de suite l’importance de sa trouvaille. « Car si l’exhumation de bois antique est rare, celle d’un plafond à caissons, sculpté et peint, l’est plus encoreraconte Mathias Dupuis, le directeur de l’archéologie de l’agglomération Chartres Métropole. A vrai dire, on ne connaît qu’un seul autre exemple. Celui, en 2010, de la “maison au relief de Télèphe” sur le site d’Herculanum, près de Naples. »

Comment récupérer et conserver un matériel à ce point fragilisé ? Il faudra plusieurs mois pour établir un protocole et trouver les fonds nécessaires à une reprise des fouilles, lesquelles s’achèvent actuellement, au terme de leur troisième année. Désormais presque entièrement dégagé, le bassin y dévoile enfin sa magnificence. En marbre blanc, il contient en son centre une cuve étoilée, de 25 centimètres de profondeur, d’où devait à l’origine jaillir une source avant que, le niveau augmentant, toute la zone soit noyée sous 2,5 mètres d’eau, obligeant les archéologues à actionner en permanence des pompes.

La cuve étoilée au centre du bassin

Placées sous des arrosoirs, quelques poutrelles attendent encore d’être dégagées. « Une fois photographiées et cartographiées, elles seront déposées sur des plaques de polypropylène, emmaillotées dans du papier cellophane puis conservées dans une chambre froide ou en piscine », explique l’archéologue Sonia Papaïan, qui montre, au pied d’une margelle, l’emplacement d’un déversoir. Cela ne sera pas le cas des plus belles pièces, qui partiront pour Grenoble où elles seront restaurées au sein du laboratoire Arc-Nucléart, spécialisé dans le traitement du bois…

Caisson hexagonal et poutrelle de bois sculptée

Ce qui en vaut, assurément, la peine. En effet, constitué d’un ensemble de caissons en forme de losange séparés par d’autres hexagonaux de 1,6 mètre de large, ce plafond antique promet de donner du travail aux chercheurs pour des années. « Ses décors finement ciselés de feuilles d’acanthe, d’oves, de fers de lance, de rais-de-cœur et de perles et pirouettes, son assemblage ou même la manière dont il était fixé à la charpente, par des baguettes, ont fait appel à des techniques aujourd’hui disparues qu’il faudra redécouvrir », s’enthousiasme Emmanuel Bouilly, chargé de sa reconstitution. Même la provenance du matériau employé pour sa construction fera l’objet d’investigations. « On y trouve, outre du chêne et du tilleul, du sapin, un bois réputé importé à la période romaine », explique l’anthraco-entomologiste de l’université du Mans Magali Toriti, qui espère pouvoir interroger la véracité de cette théorie à partir des échantillons récoltés.

Beaucoup de pain sur la planche mais que du bon pain.

Le 14 octobre 2021.

Pour le CER, Jean-Yves Pons, CJA.

La Maison de Bourbon s’étend…

26 Sep

Ce samedi 25 septembre 2021, la famille de Bourbon Deux-Siciles était réunie sur ses terres siciliennes pour célébrer le mariage du duc de Noto, héritier de l’actuel prétendant au trône de l’ancien royaume des Deux-Siciles. SAR le prince Jacques (Jaime) de Bourbon Deux-Sicile, duc de Noto, fils de SAR Pierre (Pedro), duc de Calabre et comte de Caserte, chef de la branche aînée de Bourbon Deux-Siciles, et de SAR la princesse Sofía Landaluce, a épousé Lady Charlotte Diana de Lindesay-Bethune* en la magnifique cathédrale Santa Maria Nuova de Monreale**, près de Palerme (Sicile).

Tous nos voeux de longue vie et de bonheur accompagnent les deux jeunes époux.

Le 26 septembre 2021.

(*) La nouvelle duchesse de Noto est la fille de David, comte (écossais) de Lindesay- Béthune, et de Diana Mary Chamberlayne-Macdonald. Les Lindsay (puis Lindesay) ont acquis le nom de Béthune par mariage avec l’héritière d’une branche écossaise de la maison Flamande et Française de Béthune.

Lindesay-Bethune

(**) Vue générale de Santa Maria Nuova de Monreale :

Allocution de Monseigneur le prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou.

21 Sep

Prononcée le 18 septembre 2021, à l’occasion de la présentation de la dernière édition de l’Etat présent de la Maison de Bourbon

Paris, le 18 septembre 2021

Chers Parents, Chers Amis,

Nous voici réunis à l’occasion de la parution de la 6éme édition de l’État Présent de la Maison de Bourbon. Moment important que nous aurions tous aimé vivre avec celui qui durant tant d’années fut le maître d’œuvre de cet ouvrage, notre cher Baron Pinoteau.

Je suis donc particulièrement heureux que sa famille soit bien représentée aujourd’hui à cette cérémonie qui suit l’émouvante messe de Requiem de ce matin. Ainsi j’ai l’occasion publiquement de rappeler tout ce que leur père, grand-père, arrière-grand-père ont apporté à notre famille. La Maison de Bourbon lui doit en effet beaucoup et notamment les chefs de Maison, puisqu’avant de m’apporter son aide si précieuse Hervé Pinoteau avait déjà été au service de mon père et de mon grand-père, tant comme Secrétaire que comme Chancelier, c’est-à-dire à la fois pour le quotidien et le pérenne.

Leur évocation amène à cet ouvrage, cet État présent de la Maison de Bourbon « pour servir de suite à l’Almanach royal de 1830 », dont nous sommes heureux de présenter officiellement la nouvelle édition. Mon grand-père, le Prince Jacques-Henri a beaucoup fait pour que la première édition paraisse en 1975. L’idée en était venue à son propre père lorsqu’il devînt en 1936 l’aîné des Bourbons, avec tous les droits et devoirs que confère cette aînesse, notamment vis-à-vis de la France. La généalogie n’est pas toujours facile à comprendre et sans doute mon arrière-grand-père avait-il été habitué à se considérer davantage comme le descendant de la Reine Isabelle II que comme celui de son époux, le Prince François. Mais le royaume de France et le royaume d’Espagne ne suivent pas les mêmes règles de dévolution. Ainsi, c’est bien par l’intermédiaire de ce Prince cadet de Charles IV que l’aînesse lui est revenue, après l’extinction des premiers rameaux de la branche aînée. Une grande aventure pouvait commencer dans laquelle Hervé Pinoteau a mis toute son énergie et son érudition. Au-delà du droit il y a, en effet, le faire savoir, le faire connaître. Tâche essentielle menée depuis des années et jusqu’à aujourd’hui par les éditions successives.

Il était prévu de faire paraître cette édition en 2020 année du bicentenaire du Comte de Chambord qui vit l’extinction du rameau aîné issu de Louis XIV. Date hautement symbolique puisqu’elle permettait de saisir toute l’importance des Lois fondamentales. « Le mort saisit le vif » selon un bel adage venu de la nuit des temps et qu’Hervé Pinoteau, en fidèle et érudit chancelier, savait rappeler chaque fois que cela était nécessaire pour soutenir la cause de la Légitimité.

Les cinq éditions précédentes montrent combien il est important de faire le point régulièrement sur cette auguste Maison de Bourbon qui est aussi celle de France, chaque tige et rameau vivant sa propre histoire à travers naissances, mariages et décès. D’année en année les évolutions sont notables d’où la nécessité des mises à jour régulières pour savoir qui est dynaste selon les lois fondamentales et dans quel ordre. Certains pourraient dire que cela paraît bien inactuel dans un monde qui, parfois, semble avoir oublié les vertus de la Royauté. Pourtant de génération en génération il y a toujours une petite et vaillante cohorte qui maintient le flambeau, persuadée que le salut et le destin du pays en dépendent et qui a besoin de savoir pour espérer.

Le temps n’appartient qu’à Dieu, mais la fidélité et l’espérance appartiennent aux hommes.

Ainsi j’ai à cœur de féliciter ceux qui les aident à maintenir la flamme. Ce sont bien sûr tous les auteurs et collaborateurs de l’État Présent d’abord dirigés par Hervé Pinoteau et désormais regroupés derrière Christian Papet-Vauban qui a repris la flamme, lui aussi avec érudition, rigueur et une belle ténacité. Il a su réunir des contributeurs de qualité, Benoît van Hille et Xavier d’Andeville que je tiens à remercier tout spécialement. Que tous sachent combien le Chef de Maison apprécie leur dévouement. Mais je ne peux pas oublier, non plus, le préfacier de cette édition le Professeur Jean Barbey, lui aussi un fidèle parmi les fidèles qui a mis depuis les années 1980 sa science du droit au service de ma famille. Il a donné pour cette édition des pages très éclairantes pour hier comme pour demain.

Enfin je veux remercier l’éditeur, Patrice de La Perrière qui assume la tâche de la confection, et de la diffusion depuis la première édition. La qualité d’une œuvre se reconnait en particulier sur la durée. Merci à tous.

Mes derniers mots s’adressent enfin à tous les membres de ma famille, la grande famille des Bourbons. Certains sont présents physiquement, d’autre par le cœur et la pensée. J’ai reçu en effet des messages sympathiques de ceux qui ne peuvent être là ce soir. Je pense notamment à notre cousin le duc de Parme. En évoquant son nom qu’il me soit permis aussi de rappeler la mémoire de sa tante, la Princesse Cécile * qui est décédée le 2 septembre. Je pense aussi au duc de Séville qui a d’abord répondu qu’il serait là et qu’un empêchement inopiné a éloigné de nous ce soir. Je pense à tous, heureux d’être le Chef de la Maison capétienne qui partout garde à cœur de renforcer ses liens et de maintenir toujours vivant le souvenir de ce qu’elle représente pour tous les pays sur lesquels elle a régné.

Merci à tous et prenons rendez-vous pour la septième édition. À bientôt.

Louis,
Duc d’Anjou

(*) https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2021/09/11/aux-obseques-de-s-a-r-la-princesse-cecile-de-bourbon-parme/

C’était le 17 décembre 1970, à Barcelone.

24 Août

Cinq ans seulement avant la disparition du Caudillo. La foule était immense et chaleureuse comme le démontre cette photographie* :

Une photo qui témoigne que les Espagnols, et en l’occurence ici, les Catalans reconnaissaient les mérites d’alors du régime prétendument dictatorial ainsi qu’on nous le rabâche aujourd’hui. Nous étions pourtant en 1970, trente quatre ans après la fin de la guerre civile.

Une photo qui montre aussi que le général Franco n’était pas seul à Barcelone. Outre son épouse que l’on reconnaît à ses côtés, il y avait aussi le Prince d’Espagne, futur roi Juan Carlos de Bourbon, désigné successeur du Caudillo en juillet 1969, et son épouse, la princesse Sophie de Bourbon née princesse de Grèce.

Cette apparition publique du chef de l’Etat d’alors et de son successeur désigné eut lieu après un gigantesque bain de foule dans les rues et dans la cathédrale de Barcelone au cours duquel s’exprima, une fois encore, la ferveur du peuple catalan :

Qui peut prétendre le contraire, à part bien sûr Pedro Sanchez, le chef du gouvernement socialo-communiste d’aujourd’hui qui voudrait réécrire l’histoire d’une défaite ?

Le 24 août 2021.

(*) photo certifiée authentique, comme la vidéo qui suit.

« Noblesse, Titres et Armoiries », d’Alain Texier.

22 Août

Le passionnant ouvrage que vient de nous livrer notre ami Alain Texier, CJA, est une somme. Une somme de connaissances historiques certes et qui s’avéraient indispensables après son précédent livre paru en 1988, « Qu’est-ce que la noblesse ? » (et qui était déjà une référence), mais aussi une somme de considérations et de réflexion sur la place de la noblesse et des titres nobiliaires au vingt-et-unième siècle. Une place bien réelle et si importante même si cette importance échappe encore trop souvent à nos contemporains pour l’évidente raison suivante : pétris de vitesse et d’instantanéité, ils sont oublié que la noblesse… c’est le temps long, celui de l’Histoire. C’est ce qui dure. Pas le temps du suffrage universel et de ses chimères ou de nos dérisoires et velléitaires quinquennats.

Mais, à ce vaste panorama, il a eu le bon goût d’ajouter une riche introduction à la science héraldique (ou art du blason) si liée à la noblesse et pourtant si distincte à la fois. Liée par l’histoire de nos sociétés occidentales mais distincte en ce sens que tout citoyen (français en tout cas) a toujours l’étonnante capacité de porter des armoiries même s’il n’est pas noble ni titré, mariant ainsi possiblement et de manière inattendue l’art à l’état civil, la symbolique à l’emblématique ou le dessin à la sociologie. Ainsi que le rappelle souvent notre maître, Michel Pastoureau, les armoiries sont un peu comme la carte de visite : chacun peut en posséder mais tout le monde n’en possède pas !

Bref, il y a tout dans cet ouvrage. Depuis les caractéristiques de la noblesse d’Ancien Régime jusqu’à son illustration dans la société contemporaine en passant par la hiérarchie des qualités et des titres et les règles qui s’y appliquaient au temps de la monarchie. Signalons en outre d’utiles (et peu fréquentes) considérations concernant la noblesse impériale telle qu’elle fut intelligemment organisée par Napoléon Bonaparte.

Le tout agrémenté bien sûr de quelques touches humoristique comme Alain Texier en a le secret.

En résumé, « Noblesse, Titres et Armoiries » est pour nous un ouvrage essentiel. Et, n’en doutons pas, comme nous parlions il y a quelques décennies du « Lagarde et Michard » en littérature, du « Lavisse » ou du « Malet et Isaac » en histoire, il y a fort à parier que les futurs étudiants en Droit ou en Histoire parleront désormais du « Texier » !

Le 21 août 2021, à quatre jours seulement des prochaines Rencontres de la Charte de Fontevrault, la belle idée de notre ami.

Jean-Yves Pons, CJA.

Noblesse, titres et armoiries, d’Alain Texier. Paru chez LMG Editions. Avril 2021 
Livre broché, grand format 215 x 135cm- 166 pages – ISBN : 979-10-95165-20-0 – Prix de vente public : 9 €

A dix jours des Rencontres de nos amis de la Charte de Fontevrault…*

15 Août

Il nous est agréable de transmettre à ceux qui n’en aurait pas eu connaissance, cet article paru il y a quelques semaine seulement dans Le Figaro : https://www.lefigaro.fr/culture/l-abbaye-royale-de-fontevraud-un-monument-sans-cesse-revisite-20210630

Le 15 août 2021.

(*) https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2021/08/07/prochaines-rencontres-de-nos-amis-de-la-charte-de-fontevrault-2/

Pèlerinage pour la Solennité de Saint-Louis.

14 Août

Présentation du pèlerinage

pour la

Solennité de Saint Louis

au Puy-en-Velay

– du 27 au 29 août 2021 –

Notre sixième pèlerinage annuel de la Confrérie Royale au Puy-en-Velay, pour le Roi et la France, a – cette année encore – été empêché à sa date normale des jours suivants l’Ascension, en raison des difficultés liées au contexte social et ecclésiastique, conséquent à « l’épidémie » de Covid-19…

 Néanmoins, comme en 2020, nous tenons à marquer la présence annuelle des représentants de la Confrérie Royale dans la sainte cité mariale du Puy et, comme en 2020, nous pouvons profiter de l’opportunité d’organiser un petit rassemblement au Puy les 27 et 29 août prochains, afin d’y célébrer la solennité de Saint Louis, céleste protecteur de notre Confrérie et saint patron de notre Roi légitime et de Monseigneur le Dauphin.

 Nous avons cette fois encore la possibilité d’être hébergés au Lycée Saint Jacques de Compostelle aux conditions suivantes : nuitée à 20 euros (petit-déjeuner compris) et repas à 13 euros.

 Pour ceux qui viennent de loin, il y a possibilité d’être accueillis au Lycée Saint-Jacques de Compostelle à partir du vendredi 27 en fin d’après-midi.

Il est cependant possible de nous rejoindre seulement pour les activités du samedi (à partir de 8h), ou de ne rester que pour la journée du samedi.

En sus des Messes et temps de prière, il y aura quelques visites et temps d’enseignement spirituel : le programme en sera communiqué aux inscrits de manière plus précise en son temps.

Enfin, si certains souhaitent profiter de ce pèlerinage pour faire leur entrée dans la Confrérie, qu’ils se signalent sans aucun retard.

Si vous désirez prendre part à ce pèlerinage, merci de nous le signifier le plus rapidement possible (et au plus tard le 20 août)

1) d’abord par courriel à l’adresse suivante : pelerinage@confrerieroyale.com                    

2) et en nous renvoyant le bulletin d’inscription rempli le plus exactement possible avec votre chèque d’acompte (à l’ordre du Cercle Légitimiste du Vivarais) à l’adresse qui s’y trouve mentionnée.                                                                                           Bulletin d’incription (pièce jointe)

 Nous insistons beaucoup pour la réalisation de covoiturages, afin d’échapper aux difficultés entraînées par les exigences du laisser-passer imposé aux utilisateurs du train…

 Nous avons bien conscience que ces délais de programmation et d’inscription sont assez courts, mais il ne nous était pas possible, dans le contexte actuel, d’en faire l’annonce plus rapidement.

Merci pour votre compréhension,

et pour vos réponses les plus promptes possibles !

 Nota-bene : ni le laisser-passer ni le certificat de vaccination ne sont nécessaires pour le lycée qui nous héberge et l’accès aux édifices religieux.

Le 14 août 2021.

(Merci au CC -r- Fr. Romain, CJA, Conseiller aux Armées du CER, pour l’information)

Minorque n’attire pas que des touristes.

13 Août

La superbe petite île de Minorque (archipel des Baléares) peut contenter les touristes les plus exigeants. Par sa taille bien sûr (comme son nom l’indique, c’est la plus petite) mais aussi par ses criques de sable blanc et ses eaux turquoise, par sa campagne et ses villages typiques, par sa cuisine originale et ses vins de qualité, par son histoire enfin dont les traces sont encore bien vivantes (n’oubliez pas que des milliers de Minorquins ont activement participé à la conquête, à la pacification et au développement économique de l’Algérie française).

Mais, récemment, les autorités de Minorque ont réalisé un coup de maître culturel en signant, avec la grande galerie d’art suisse Hauser & Wirth, l’attribution de l’illa del Rey, un îlot situé à l’entrée du port de Mahon (sa capitale) pour y installer un nouveau méga-lieu d’exposition. Un peu sur le modèle de la Dogana da Mar, de François Pinault, à Venise.

Hongkong, New York, Los Angeles, Zurich, Londres, le Somerset, Southampton, Gstaad, Saint-Moritz, Monaco depuis juin… et désormais Minorque ! Et de onze implantations pour Hauser & Wirth, donc – si on ne compte pas les doubles adresses à Zurich et à New York, la maison d’édition ou la gestion de Chillida Leku, musée au Pays basque espagnol. La galerie suisse, devenue en moins de trente ans l’une des plus puissantes au monde (elle représente près d’une centaine d’artistes internationaux), contribue à réinventer le rôle et le statut des galeries à l’heure d’un marché mondialisé.

La méga-galerie vient ainsi d’investir l’Illa del Rei, ou île du Roi, une de ces micro-îles qui parsèment l’estuaire de Port-Mahon, la ville principale de Minorque, aux Baléares. Une navette la dessert depuis les quais du centre-ville en une quinzaine de minutes. Un détonnant blob rose de Franz West accueille les visiteurs au débarcadère, d’où une allée pavée remonte vers un ancien hôpital naval britannique du début du XVIIIe siècle, dont l’enseigne a ressuscité les dépendances.

Iwan Wirth, président et cofondateur de la galerie avec sa femme, Manuela Hauser-Wirth, le reconnaît : « C’est une idée folle ! Avoir une galerie ici ne correspond ni à un besoin ni à une stratégie par rapport au marché espagnol, ni à un développement immobilier. » Le projet remonte à plus de cinq ans : le couple recherchait alors une maison de vacances quand il a été approché par la fondation de préservation de l’ancien hôpital. « Je préfère de loin être un partenaire local qu’un touriste, résume le marchand d’art de 51 ans. Nous n’avions pas réellement besoin de cet espace, mais le projet nous a trouvés, et nous n’avons pas pu résister à la tentation ! Nous avons un appétit pour les sites inhabituels, dont l’énergie nourrit les projets et qui offrent des horizons plus stimulants qu’un white cube pour les artistes. »

Ce partenariat public-privé avec l’association patrimoniale et la ville de Port-Mahon, propriétaire de l’île, s’accompagne d’un bail de quinze ans, renouvelable, pour Hauser & Wirth. « Une galerie est certes un espace commercial, mais il y a aussi une part d’utopie, car cela reste un lieu accessible à tous gratuitement, que les œuvres soient en vente ou pas. D’ailleurs, aucune n’est à vendre dans notre exposition inaugurale de Mark Bradford : elles ont toutes été vendues avant l’ouverture. Aujourd’hui, les ventes sont déconnectées des lieux eux-mêmes. Et ça donne de la liberté, détaille l’entrepreneur. Nous sommes une galerie mondialisée, à l’image de nos collectionneurs. Et, si le marché se développe sur le digital, nous avons plutôt créé ici une nouvelle destination. »

La ligne directrice est en revanche d’éviter d’être un lieu d’exposition hors-sol, d’où la volonté de proposer un « centre d’art » intégré et connecté localement, comme la galerie le fait déjà dans le Somerset, dans la campagne anglaise. C’est, selon Iwan Wirth, une évolution nécessaire du modèle de la galerie afin d’offrir un accès à la culture à un public toujours plus large et varié, avec des expositions qui ne sont pas périphériques : « Nous amenons un grand artiste sur une île minuscule, mais ça ne va pas sans gagner la confiance des gens et rester humbles. » En commençant par recruter l’équipe localement, ce qui est le cas jusqu’à la directrice du lieu, Mar Rescalvo, débauchée de l’Orchestre symphonique des Baléares pour être formée à l’art contemporain.

Côté bâtiments et jardins, la galerie a fait appel à son duo de complices habituel, Luis Laplace et Piet Oudolf, qui ont imaginé une restauration et un aménagement sensibles, sur cette île protégée, à partir des éléments existants et avec une sobriété loin de tout tape-à-l’œil. L’architecte argentin basé à Paris a ainsi subtilement retravaillé les 1 500 mètres carrés d’espaces intérieurs – où un patio central distribue deux enfilades de salles claires et épurées – rythmés par des ouvertures sur la nature, le ciel et la mer, qui invitent à la contemplation. Le paysagiste néerlandais a, lui, replanté le lieu comme un jardin anglais version méditerranéenne, avec de savantes orchestrations végétales qui paraîtraient presque sauvages. L’ensemble est ponctué de sculptures extérieures (Miro, Chillida, West, Louise Bourgeois), autour d’une accueillante « Cantina », bistrot de la mer à base de produits locaux et de saison. Comme savent le faire les locaux…

Dans cet écrin, l’artiste Mark Bradford déploie « Masses and Mouvements », sa première exposition en Espagne, avec une série de peintures (sur toile ou sur mur) inspirées par la première carte du monde où l’Amérique apparaît, en 1507, avec des contours imprécis et des masses encore inexplorées par les puissances coloniales. Ce focus sur les cartes lui est venu pendant le confinement dans son studio de Los Angeles : « Alors que les magasins, les écoles et les frontières fermaient en 2020, chacun a commencé à comprendre le pouvoir renfermé par ces lignes sur nos cartes », dit l’artiste de 59 ans.

Il y explore, comme toujours dans son travail, les structures de pouvoir par une abstraction qu’il rend archéologique. D’accumulations de matières, collages et couleurs, il excave des narrations instables et des héritages indéchiffrables par strates triturées, poncées, pelées ou écorchées. Autant de gestes expressifs à travers la surface de toiles à sa mesure (l’artiste fait plus de 2 mètres de haut) et d’images d’un monde interconnecté, entre tectonique des plaques et déplacements de populations, où l’axe qui ressort le plus est celui qui passe par l’Afrique et l’Amérique, à la manière d’une large scarification. N’oublions pas que Mark Bradford est Afro-américain.

Mark Bradford a fait une résidence d’un mois sur place avec une équipe d’élèves de l’école d’art de Minorque pour travailler notamment sur la partie « Lab » du centre minorquin, dévolu aux ateliers avec des familles et des scolaires. Et, si la galerie à proprement parler ne restera ouverte qu’à la saison haute – au rythme d’une exposition par an, de la fin du printemps jusqu’à fin octobre –, des partenariats avec des associations, écoles et événements culturels locaux auront lieu tout au long de l’année (https://www.hauserwirth.com/locations/25040-menorca?gclid=EAIaIQobChMIoIb7l6St8gIVAtd3Ch12gAnjEAAYASAAEgI38fD_BwE).

Croyez-moi, bien que l’Histoire n’ait pas toujours été tendre avec ses habitants, il fait bon vivre à Minorque !

Le 13 août 2021.

Pour le CER, Jean-Yves Pons, CJA.

Oh! combien ce texte puissant de M. l’abbé Guillaume de Tanoüarn remet les pendules du Motu proprio de Bergoglio* à l’heure…

5 Août

Un sacrifice sinon rien

La dernière prière du prêtre, au cours de la messe, est résolument sacrificielle, comme pour montrer que le sacrifice est l’essentiel de la liturgie. Cette prière se récite au moment où le prêtre baise l’autel une dernière fois,  manifestant par ce geste combien ce rite qu’il vient de célébrer ne provient pas de lui, de sa foi personnelle ou de sa spiritualité propre, mais s’identifie à l’autel, qui porte, nous l’avons vu au début de ce travail, le sens divin du sacrifice. Voici une traduction de cette prière :

Que vous plaise, ô sainte Trinité, l’hommage que je vous rends de mon service. Faites que ce sacrifice que j’ai porté aux yeux de votre majesté, malgré mon indignité, vous soit agréable (acceptabile) à vous et qu’à moi ainsi qu’à tous ceux pour lesquels j’ai porté cette offrande, elle soit propitiatoire (propitiabile) autant que vous êtes miséricordieux, par le Christ notre Seigneur

J’aurais aimé pouvoir faire rimer les traductions des deux adjectifs latins : acceptabile et propitiabile. Difficile de trouver, en français, deux adjectifs assonnants, en des sens si précis et si voisins ! Mais qui a dit que le latin liturgique est un latin de cuisine ? L’homéotéleute aide à articuler la pensée.

Nous avons vu que la messe comportait toutes les formes de sacrifices. La forme la plus durable est certainement le sacrifice de louange, puisqu’il occupera toute notre éternité, en manifestant notre joie d’être à Dieu. Mais la forme la plus immédiatement importante des quatre genres de sacrifice n’est ni le sacrifice de louange, ni le sacrifice d’action de grâce, ni le sacrifice de demande (appelé aussi impétratoire). C’est le sacrifice qui nous rend Dieu propice, qui nous permet d’être comme d’égal à égal face à son éternité,  Il y a entre Dieu et nous le mur de la finitude et du péché. Dieu lui-même a voulu casser ce mur et nous permettre de vivre de plain pied avec son éternité en devenant ses fils et ses filles. La messe, pour qui la vit, réalise cette transformation. C’est en ce sens d’ abord qu’elle est un sacrifice. Par la transformation de notre prière dans la prière du Christ, par la transmutation de notre inefficacité dans l’efficience du Fils de Dieu, elle est le signe décisif du changement de notre condition et de l’arrivée, à la fin des fins, du Royaume de Dieu, éternelle communion qui abolit toute finitude, parce qu’elle nous divinise.

C’est le cas de l’écrire : un sacrifice sinon rien, sinon le monde ne changera pas et restera toujours dans cet état d’inachèvement désespérant dans lequel nous le voyons tous les jours. La réponse au problème du mal n’est pas à chercher  en arrière, dans le passé de l’humanité ou dans je ne sais quel état parfait de l’humanité adamique. Elle s’écrit, cette réponse, dans le sacrifice de la croix, où le Fils de Dieu affronte par le miracle de son incarnation la Puissance du mal et la fatalité de la mort, en y répondant par l’amour surnaturalisant. A chaque messe, cette réponse se rend tangible pour que le plus d’hommes et de femmes y participent, en s’incluant, par la médiation du rite sacré, dans la prière du Christ, dont ils sont, ces hommes et ces femmes, à la fois la matière première (si j’ose dire) et, encore aujourd’hui, l’enjeu ultime, mais aussi, dans la communion des saints, les agents communicateurs et les imitateurs indignes.

Ce Mystère ecclésiologique, le pape François, dans son Motu proprio Traditionis custodes, a décidé de le marquer du sceau d’infamie que reçoit, dans sa pensée, tout ce qui est préconciliaire A-t-il décidé de changer de religion, non pas de foi, je le précise : de religion c’est-à-dire de relation à Dieu ? A-t-il décrété que la messe sacrificielle avait fait son temps et qu’elle était le signe d’un autre visage de l’Eglise que le visage qui a triomphé à Vatican II ? Si cette interprétation radicale se révélait juste, ce que l’avenir proche nous dira, ce serait au mépris de ce que voulaient la grande majorité des Pères conciliaires, au mépris de l’Eglise et au mépris du plan divin. 

Pourquoi au mépris du Plan divin ? Parce que le problème du mal dans cette perspective conciliaire n’aurait pas d’autre solution que les bricolages sans cesse recommencés de notre bonne volonté toujours balbutiante depuis que le monde est monde et qu’Eve a croqué dans la pomme. Le monde redeviendrait incompréhensible, livré à un progressisme, que l’on doit dire à bon droit « imbécile », parce que l’on voit bien que, du problème du mal, il n’a qu’un simulacre de réponse. N’en déplaise aux progressistes d’aujourd’hui, la réponse à donner au terrible problème du mal n’est pas le Parc humain avec contrôle obligatoire, crédit social à la chinoise, et passe sanitaire à la française, pour accéder aux vespasiennes et faire régner une morale publique dominatrice, imposée à force de traçabilité des personnes, par des caméras de surveillance et des logiciels de reconnaissance faciale. Ce monde du Panoptikon que Michel Foucault a seul vu venir, est un terrible simulacre de réponse, parce que, progrès technique aidant, ce monde du contrôle est pire que le problème du mal tel qu’il se donne à voir dans les sociétés ordinairement humaines. Terrible ironie de l’histoire ! Les membres du Club de Davos, Klaus Schwab en tête, fascinés par les modalités nouvelles de la survie du communisme chinois, entendent solutionner par le contrôle le monde archipelisé qui est le nôtre. Mais leur remède, indéniablement progressiste pourtant par les techniques qu’il met en jeu, s’avèrera pire que le mal, anéantissant chez les hommes l’idée même de liberté.

Historiquement, la seule réponse au mal est spirituelle, c’est la mort de Jésus sur la Croix et le sacrifice de la messe qui nous permet de nous inclure dans ce mystère. La croix où meurt l’Innocent par excellence semblait pourtant participer du Mystère d’iniquité. Par un retournement sans exemple, elle devient le signe du Mystère de la piété, par lequel nous sommes tous prêtres (c’est-à-dire offrants), et nous devenons les rois de notre propre destinée, en en maîtrisant l’horizon éternel. « Il a fait de nous un royaume et des prêtres » comme dit l’Apocalypse (I, 9). C’est à cette réalité eschatologique que la messe traditionnelle nous permet d’assister et même de participer. Son interdiction par le Motu proprio du pape François a elle aussi un sens eschatologique.

Abbé Guillaume de Tanoüarn, de l’Institut du Bon Pasteur (http://ab2t.blogspot.com/2021/08/).

Le 5 août 2021.

(*) https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2021/07/23/bergoglio-vous-avez-dit-bergoglio/