Institué en 1607 par henri IV afin de donner une preuve de la sincérité de sa conversion au Catholicisme – » Paris vaut bien une messe! »- l’ Ordre Royal et Militaire de Notre dame du Mont Carmel est composé à l’origine de 100 gentihommes qui doivent servir d’escorte au Souverain en temps de guerre.
Sommaire.
1. Création de l’Ordre Royal de Notre Dame du Mont Carmel.
L’année qui suit la création de l’ Ordre de Notre dame du Mont Carmel, Henri IV y réunit l’ Ordre de Saint-Lazarre
qui est à la veille de s’éteindre. Henri IV, par Lettres patentes du 29 mai 1609 entend confirmer formellement qu’en aucun cas l’ Ordre de Saint Lazare n’était supprimé en raison de cette union et l’Ordre s’appellera désormais Ordres Sacrés Royaux Militaire, Hospitalier et Religieux Réunis de Saint Lazarre de Jérusalem, Bethlée, Nazareth, en deçà et au-delà des Mers, et de Notre Dame du Mont Carmel, dit Ordre de Saint Lazarre de Jérusalem et de Notre Dame du Mont Carmel ou Ordre de Notre Dame et Saint-Lazarre. Cette réunion a lieu avec l’approbation du pape Clément V, le pape précédant étant contraire. Cette réunion sera plusieurs fois confirmée par Louis XIV et par Louis XV, très attachées à ce qu’ils appellent les Ordres Réunits.
A la fin du XVIIIème siècle, le Pape Clément XIV, par la bulle « Militarium Ordinum Institutio » du 10 décembre 1772 prononce la sécularisation et le caractère laïc des deux Ordres unis. En 1774, un Concordat pour des actions communes et une reconnaissance mutuelle est conclu entre les Ordres Réunis de Notre Dame et Saint-Lazare et l’ Ordre Souverain de Malte. Enfin, il ne faut pas oublier que des Chevaliers de Saint-Lazare participent à la Guerre d’Indépendance américaine (1775-1783).
Depuis lors, les deux Ordres réunis sont plus soumis à la Royauté qu’à la papauté. C’est le Roi de France, et non le pape ou même les Chevaliers, qui désigne le Grand Maître conjoint des deux ordres réunits. Ils aident leur protecteur, le Roi de France, en fonction de ses désirs, dans le secours aux vieux soldats, dans la course bararesque ou sus à l’anglais en armant dix frégates à Saint Malo, en créant en 1667 l’Académie Royale de Marine à Paris ou en administrant toutes les léproseries et Hôtel-Dieu du Royaume entre 1672 et 1693. Les Chevaliers de Saint Lazarre organisent sur le modèle de l’Ordre Hospitalier de Saint-Jean à Malte, les premiers services ambulanciers de France, les ambulances de l’Ordre de Saint Lazarre étant des calèches tirèes par des chevaux et faisant gratuitement un service s’apparentant à notre moderne SAMU. L’Ordre de Saint Lazarre va créer le système hospitalier tel qu’on le conçoit aujourd’hui -les Rois de France viennent s’y faire soigner!- le premier d’Europe, instituant au passage le secour aux SDF !
La Royauté se servira aussi des Ordres Réunits comme d’un Ordre de mérite, à l’image des Ordres du Roi. À la création de l’ Ordre de Saint-Louis en 1693 par Louis XIV, l’ Ordre Royal de Notre-Dame et Saint-Lazare sera réservé aux civils et non plus aux militaires.
Avec la nomination, en 1720, de Louis, Duc d’Orléans comme grand-maître des ordres réunis (1720-1752), la grande maîtrise n’échappera plus à un Prince du Sang. Le duc d’Orléans va s’attacher à redonner aux ordres une plus grande rigueur religieuse en réinstituant une lecture de l’office quotidien tel que le veut la règle. Suivra Louis, Duc de Berry (1757-1773), futur Louis XVI, qui devra régler un différend avec l’assemblée du Clergé de France au sujet de la capacité pour un Ordre essentiellement laïque de recevoir des biens ecclésiastiques. Clément XIV règlera le problème avec la bulle Militarium Ordinum Institutio, le 10 décembre 1772, déniant cette capacité à un ordre non religieux. Devenu Roi, Louis XVI insitute le premier corps de sapeurs pompiers d’Europe à travers l’ Ordre de Notre Dame et Saint Lazarre. A Paris, la Commenderie de l’Ordre est à la fois le grand hopital de Paris et la première caserne de pompiers : elle se trouve dans le quartier où se situe actuellement la Gare Saint Lazarre ! Enfin, Louis Comte de Provence (1773-1814), futur Louis XVIII, est le dernier Grand Maître. C’est par un nouveau règlement du 21 janvier 1779, que le comte de Provence réserve l’ Ordre de Notre-Dame et Saint-Lazarre aux seuls élèves de l’Ecole Militaire.
2. L’Ordre après la fin la Monarchie.
La Révolution va précipiter la fin de l’ Ordre de Notre Dame et Saint-Lazare quand le gouvernement révolutionnaire confisque tous les biens de l’ordre en 1791, à commencer par la commanderie magistrale de Boigny-sur-Bionne. Les indigeants de Paris, n’ayant plus l’Ordre pour les recuillir, les loger et les nourir tel un SAMU social avant l’heure, les SDF se multiplient dans la capitale, jusqu’à ce que Victor Hugo décrive une situation devenue alarmante dans son livre Les misérables.
Pendant la Révolution Française, la plupart des Chevaliers de Notre Dame et Saint-Lazare combattent dans l’ Armée Catholique et Royale de Vendée ou dans l’Emigration, au sein l’Armée des Princes basée à Comblence. Le Comte de Provence part en exil, où il continue de diriger l’Ordre en nommant des Chevaliers. Le futur Louis XVIII, alors comte de Provence, lors de son exil, confirmera le caractère œcuménique de l’Ordre par la remise de la Croix de l’Ordre à des personnalités issues des différentes confessions Chrétiennes : en 1799, le Tsar Paul Ier, son fils, le futur Tsar Alexandre Ier et plusieurs membres de la famille impériale et de la haute aristocratie russe (Orthodoxie) et, en 1807, le Roi Gustave IV de Suède, le Prince Frédéric de Suède et plusieurs gentilshommes suédois (Protestantisme). Les trois fins de l’Ordre, telles qu’elles sont énoncées aujourd’hui, se trouvaient ainsi réunies : les œuvres hospitalières, le concours à l’unité entre les Chrétiens, le maintien des valeurs et traditions Chevaleresques. Louis XVIII s’installe dès 1807 en Grande-Bretagne qui lui versera, ainsi que la Cour du Brésil, des fonds. A la Restauration, l’Ordre est rétabli et les Bourbons l’utiliseront pour récompenser les bons élèves des écoles militaires.
Malgrès son abolition en 1830, certains Chevaliers refusent sa disolution, constituent un Ordre qui n’est plus l’Ordre Royal, et recherchent, pour renouer avec les origines, la protection du Patriarche grec-melkite. En 1841, l’Ordre renoue ainsi avec ses origines orientales en se plaçant sous la protection spirituelle du Patriarche grec melkite Catholique Maximos III Malzoum lors de sa visite à Paris et poursuit ses actions hospitalières durant tout le XIXème siècle, tant en Orient (en Tunisie, notamment) qu’en Occident. L’ Ordre Militaire et Hospitalier de Saint Lazarre est né.
3. L’Ordre aujourd’hui.
Tout au long du XXème siècle, malgré le séisme des deux guerres mondiales, l’Ordre se maintient en France, en Espagne et au Royaume Uni. En 1936, l’Ordre fonde « l’œuvre des pauvres lépreux » et, durant la seconde guerre mondiale, il créa un service d’ambulance pour le front : « l’Anglo-American Corps » portant les insignes de l’Ordre et l’inscription « Service Hospitalier de l’Ordre de Saint-Lazare », en activité jusqu’à l’armistice de juin 1940. De 1942 à 1945, il créra « les Volontaires secouristes de Saint-Lazare » afin de porter secours aux blessés lors des bombardements. Il prendra part aux actions de Résistance et, en 1947, son chef reçu une citation à l’Ordre de la Nation avec une reconnaissance de l’Etat pour « le Corps Lazariste ». A partir de la seconde moitié du XXème siècle, les Grands Prieurés seront progressivement rétablis en Europe et en Amérique.
Hervé J. VOLTO, CJA
A paraître : L’Ordre de Saint Louis.
En tout état de cause, n’oubliez pas qu’aujourd’hui AUCUN DES PRÉTENDUS ORDRES DE SAINT-LAZARE n’est légitime. L’abolition de fait fut bien réelle au XIXe siècle, par la volonté des rois de France successifs (qui en étaient les protecteurs), Louis XVI puis Louis XVIII et enfin Charles X. Et, ce, avec l’accord plein et entier du Saint-Siège qui l’a confirmé à plusieurs reprises.
Toutes les recréations ultérieures ne furent que des impostures et même, pour certaines, des escroqueries ne reposant que sur la naïveté des uns et les fantasmes des autres.
Le prétendu ordre de Saint-Lazare relevé sous les auspices de feu le comte de Paris, Henri d’Orléans, n’est en réalité qu’une association caritative (type loi de 1901) au nom pompeux mais en aucun cas chevaleresque (https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2015/01/25/les-hochets-dorleans/).
C’est pourquoi nous conseillons vivement la lecture de l’excellentissime ouvrage de Philippe Du Puy de Clinchamps, intitulé « La Chevalerie », et qui résume parfaitement cette triste affaire.