Pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font (suite et fin).

Nous avons relevé il y a peu les élucubrations d’un héraldiste amateur du blogue orléaniste La Couronne à propos de prétendues armoiries attribuées avec le titre de duc de Cadix (décret du chef de l’Etat d’alors, le général Franco, le 22 novembre 1972) au prince Alphonse de Bourbon, fils aîné de l’infant Jaime (Jacques), lui-même fils du roi Alphonse XIII d’Espagne et chef de la maison de Bourbon (Lire « Pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ! » : https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2017/01/06/pardonnez-leur-car-ils-ne-savent-pas-ce-quils-font/).

Nous avons entamé une discussion avec ledit héraldiste en commençant par lui demander les références de l’article qui lui servait de base pour sa publication hostile à la branche aînée de la maison de Bourbon. Rappelons brièvement ce qu’il nous disait alors:

» Don Alfonso de Borbón y Dampierre sera créé « Duc de Cadix » le 22 Novembre 1972, jour de la naissance de son fils aîné, Don Francisco de Asis de Borbón (qui décèdera en 1984). Comme tout prince, il fallait lui attribuer des armoiries. En 2004, le roi d’armes Vicente de Cadenas y Vicent publia un très excellent article dans lequel il publie que Don Alfonso reçut comme armoiries : « d’azur à trois fleurs de lis d’or et à la bordure de gueules (qui est Anjou), sur-le-tout d’azur à trois fleurs de lis d’or (qui est de France moderne) », et ce en conformité avec le fait qu’il est issu d’une branche morganatique. Ce « sur-le-tout » est là pour représenter le fait qu’il est l’Aîné des branches légitimes de la Maison de Bourbon, ce qui ne lui donne aucun droit à la couronne de France.

Aujourd’hui, ce sont les seules armes que peut porter Don Luis Alfonso comme fils survivant du précédent Duc de Cadix. Une précision, Don Luis Alfonso est également Bailli Grand-Croix de l’Ordre souverain de Malte, ce qui donne le droit de porter sur ses armes un « chef de gueules chargé d’une croix d’argent ». Voici donc les armes que Don Luis Alfonso devrait porter :

Comme nous nous en doutions, cette affaire est montée de toute pièce et se veut un brûlot de la branche cadette de la maison de Bourbon contre ses aînés. Car voici la vérité.

L’auteur de l’article de La Couronne n’a jamais lu le texte de Vicente de Cadenas y Vicent, roi d’Armes d’Espagne ! Il s’est contenté de reprendre une citation de ce texte (page 13) dans un article britannique du site The heraldry gazette, paru en 2005 (http://www.theheraldrysociety.com/publications/heraldrygazette/2005-Sep.pdf).

Mais nous avons (non sans peine…) retrouvé l’article original de Vicente de Cadenas y Vicent, paru dans l’excellente revue espagnole Hidalguia (n°291) de 2002 (et non pas 2004 comme annoncé dans le texte incriminé). Ce texte s’intitule  » Armas del Ducado de Cadiz « (Armoiries du duché de Cadix) et traite, en réalité, des particularités historiques de ce duché de Cadix et non pas spécifiquement du dernier titulaire du titre, le prince Alphonse de Bourbon*. Les armoiries que l’on nous dit avoir été « attribuées » au prince Alphonse ne sont en fait qu’une proposition du roi d’Armes

1/ pour contourner le problème que, né infant d’Espagne, il ne pouvait plus prétendre aux pleines armes du pays (bien qu’aîné) depuis que son cousin germain, Juan-Carlos, avait été désigné pour succéder au général Franco,

2/ parce qu’il restait malgré tout l’aîné de tous les capétiens. N’oublions pas que la monarchie espagnole n’a pas été RESTAURÉE après la mort du général Franco mais qu’une nouvelle dynastie fut alors INSTAURÉE  (la Constitution de 1978 le prouve),

3/ le roi Juan-Carlos était hostile au port par son cousin Alphonse des pleines armes de France (en tant que chef de la maison de Bourbon) qui le mettait au-desus de tous les autres princes de sa maison,

4/ cette composition de Vicente de Cadenas y Vicent permettait d’associer les armes de la branche espagnole d’Anjou (dites Bourbon en Espagne), d’azur à trois fleurs de lis d’or à la bordure de gueules, héritées de Philippe V, à celles de la maison de France, d’azur à trois fleurs de lis d’or, dont Alphonse était devenu le chef depuis la disparition du comte de Chambord. Sans empiéter sur les droits héraldiques du roi d’Espagne.

Malgré tous ces petits arrangements de (basse) cour, le prince Alphonse ne cessa d’utiliser les seules armoiries qui disaient son rang à Madrid et son droit en France.

À la mort de son père, il porta quelques temps un écu parti de France et des petites armes d’Espagne :

Puis, relevant le titre de duc d’Anjou mais comme chef de maison, il prit les pleines armes de France :

Au nom de quoi (ou de qui) interdirait-on au prince Louis-Alphonse de Bourbon, duc actuel d’Anjou, de porter les armoiries de son père pour en faire à tout prix un modeste hidalgo espagnol ?

Cette affaire cousue de fil blanc par le parti orléaniste en France est donc non seulement consternante mais elle est aussi malhonnête.

Il fallait en avoir le coeur net. C’est fait.

Le 7 janvier 2017.

Pour le CER, Jean-Yves Pons, CJA.

* Voir les rares titulaires successifs du duché de Cadix sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Duc_de_Cadix