François Bayrou, perpétuel candidat et éternel perdant.

20 Juin

C’était la conclusion d’un de nos articles consacré à ce que certains nomment encore le centre mais que nous préférons appeler le marais (https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2016/12/02/bulletin-climatique-quotidien-2-decembre-2016-de-la-republique-francaise/). Or il semble que les perspectives nées du ralliement de François Bayrou à Emmanuel Macron, de sa participation au gouvernement d’Edouard Philippe mais aussi de l’agitation qui est en train de naître autour de l’enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris sur un soupçon d’emplois fictifs au MoDem nous orientent vers la confirmation de notre titre…

Depuis les 18,6  % que François Bayrou avait recueillis au premier tour de l’élection présidentielle de 2007, le condamnant à rester spectateur du duel de second tour entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, le MoDem, le mouvement qu’il avait créé dans la foulée, était allé de déconvenue en déconfiture. Au point de s’effacer de l’Hémicycle du Palais-Bourbon.

Porté disparu, le parti donne l’illusion de renaître de ses cendres de manière quasi inespérée, grâce à l’alliance conclue en février entre François Bayrou et Emmanuel Macron. Entraîné dans l’aspiration du mouvement qui va porter à l’Assemblée nationale plus de 350  députés se revendiquant de la majorité présidentielle, le MoDem, lui, devrait décrocher au moins 42  sièges et, par conséquent, constituer un groupe autonome. Au moins 42  sièges, car, pour sa part, le mouvement de M.  Bayrou revendique 50  élus, reprenant à son compte plusieurs candidats jusque-là considérés comme liés à La République en marche (LRM).

Quoi qu’il en soit, il s’agissait, pour le MoDem, d’une véritable renaissance. Le ministre de la justice lui-même reconnaît que  » c’est le groupe MoDem historiquement le plus fort qu’on ait connu « . Forcément, il n’y en avait jamais eu avant ! Bien que bénéficiaire au premier chef de la majorité accordée au président de la République, M.  Bayrou met l’accent sur le rééquilibrage intervenu au second tour des élections législatives,  » comme s’il y avait un sens inné des Français de dessiner une majorité qui respecte les sensibilités « .

Avant même que l’Assemblée nationale ne prenne ses marques, le président du MoDem insiste sur  » l’exigence d’une action politique cohérente et forte et, en même temps, respectueuse des sensibilités qui composent la majorité « . Autrement dit, le MoDem n’entend pas jouer les supplétifs et veut faire entendre sa voix. Mais c’est là sans doute que l’attendent Emmanuel Macron…et quelques autres.

Théoriquement, ce devrait être Marc Fesneau, le secrétaire général du MoDem, élu dans la 1re  circonscription de Loir-et-Cher, qui devrait prendre la présidence du groupe.  » Nous sommes clairement dans la majorité présidentielle, indique-t-il. Nous allons avoir des relations classiques de deux groupes de la majorité entre eux. « 

Pour le MoDem, ces élections législatives représentent également une éclatante revanche sur les anciens compagnons de route de M.  Bayrou, qui, en  2007, l’avaient lâché pour rejoindre Nicolas Sarkozy et qui, depuis, avaient fait le choix de l’alliance avec la droite. Une alliance dont ils n’ont pas su s’affranchir, même s’ils avaient espéré  » débrancher  » François Fillon quand celui-ci était empêtré dans les nasses des enquêtes judiciaires sur des soupçons d’emplois fictifs de membres de sa famille.

Là où l’UDI voit ses effectifs à l’Assemblée nationale fondre de 40  %, passant de 27 à 17, sans jamais avoir réussi à affirmer une ligne autonome vis-à-vis de l’UMP puis de LR (ainsi que nous le prévoyions dans l’article cité ci-dessus), M.  Bayrou touche les dividendes du choix qu’il a fait de s’allier avec M.  Macron, à un moment où ce dernier traversait un trou d’air passager. Il revient en majesté au gouvernement avec le titre de ministre d’Etat, garde des sceaux, accompagné de Sylvie Goulard au ministère des armées et de Marielle de Sarnez aux affaires européennes.

Et le voilà à présent en mesure de former un groupe qui constituera le «  deuxième pilier  » de la majorité présidentielle et qui, en nombre, sera le troisième de l’Assemblée nationale après ceux de La République en marche et de LR. Supérieur même en effectif au groupe socialiste qui détenait la majorité absolue au début de la législature précédente.

Mais, pataras ! Voici que les cartes sont subitement rebattues.

D’abord par Sylvie Goulard, ministre des Armées dans le premier gouvernement d’Edouard Philippe, en cours de remaniement. Celle-ci vient en effet d’ annoncer sa démission pour se consacrer à  » démontrer sa bonne foi  » dans l’affaire dont nous parlions :

 » Le président de la République a entrepris de restaurer la confiance dans l’action publique, de réformer la France et de relancer l’Europe. Cette entreprise de redressement doit l’emporter sur toute considération personnelle.

Dans l’hypothèse où l’enquête préliminaire visant le MoDem conduirait à vérifier les conditions d’emploi de mes assistants au Parlement européen, je souhaite être en mesure de démontrer librement ma bonne foi et tout le travail que j’y ai accompli.  » Vient-elle de déclarer.

 Sylvie Goulard

Qu’est-ce que cela signifie ?

1/ Qu’il n’y a pas de fumées sans feu et qu’elle a bien conscience que l’affaire des emplois fictifs d’assistants parlementaires du MoDem au Parlement européen n’est pas une vue de l’esprit,

2/ Qu’elle tient à prouver qu’à Strasbourg elle a bien accompli un authentique travail (sous-entendu : quid de son assistant parlementaire ?),

3/ Qu’elle ne tient pas à assumer les manipulations mises en oeuvre par d’autres qu’elle et, suivez son regard, le président du MoDem en particulier…

Mais ce n’est pas tout. Car une autre ministre MoDem du gouvernement Philippe est aussi sur le sellette : Marielle de Sarnèze. Elle aussi visée par la fameuse enquête préliminaire. Actuellement ministre déléguée aux Affaires européennes, elle vient de déclarer : « Tout est ouvert pour moi, ma mission au gouvernement ou la présidence du groupe MoDem à l’Assemblée« , ouvrant ainsi la voie à son possible remplacement. Pour démonter sa bonne foi ? Sans doute…

François Bayrou et Marielle de Sarneze

En résumé, ça sent le roussi au sein de la majorité présidentielle. En tout cas en ce qui concerne son groupe centriste.

Nous résumions bien ainsi la trajectoire de son président, François Bayrou :  » perpétuel candidat et éternel perdant. »

Le 20 juin 2017.

Pour le CER, Jean-Yves Pons, CJA.

3 Réponses to “François Bayrou, perpétuel candidat et éternel perdant.”

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